Les Loups
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Description
Des loups
Je voudrais parler d’elle. Quelle faute pour une telle punition. Toi tu voulais un conte, et c’est un mauvais rêve. Ils sont dix, ils sont grands, ils apportent la peur. Je ne voulais pas la voir. Elle voulait juste que je lui dise qu’elle était belle et que la mort ne nous emporterait pas. Je ne savais pas comment retenir ce temps qui passait, comment parler des choses de la vie, comment lui faire croire que nous n’allions pas pleurer. De la colère aux larmes, quelques jours partagés. De la souffrance aussi. Des loups qui ne cessent de passer, de traverser nos vies, aux flancs étroits des rochers ils marchent, ne laissant derrière eux que regrets et remords. Quelle faute pour un tel châtiment. Je redirai ici pourquoi j’ai peur la nuit, pourquoi je n’ai pas de racines, pas de maison, pourquoi j’ai oublié d’emporter avec moi ma montagne et ma vallée, ma rivière et ma forêt, tout ce qu’on ne m’a pas laissé, mes chiens, la neige et les pierres, tout ce qui devra disparaître. Ces loups donc qui ne cessent de passer comme un rêve familier, presque quotidien, si souvent parcouru que le sommeil revient au matin apaisé. Qu’en sera-t-il de nous lorsqu’ils seront ensemble, qu’ils en auront fini avec ce long cortège et que la peur ne sera qu’inutile. Respire. La goutte de sang sur son bras essuyée. La nuit et son essoufflement. Reprendre haleine. Il ne reste que des larmes. Respire. Ô Marilou si tu savais. Des loups qui traversent la nuit. .
Nicolas Raboud
Pour son exposition au jardin alpin de Champex, Olivier Estoppey présente une meute de dix loups répartis sur le flanc du parc, à l’intérieur même des bassins remplis d’eau et de pierres. Cette installation s’accompagne, plus loin, sur le lac, d’un troupeau d’oies en cortège, faites de fil de fer et de résine. Ces loups de béton, extrêmement menaçants, ont tous une expression singulière. Leur matière se lie de façon surprenante à la rigueur du pierrier qui les accueille. Cet aménagement est l’occasion d’une publication aux Éditions Etc. des très nombreux dessins qui ont précédé cette mise en place. Une fois de plus, l’artiste fait preuve de sa capacité à développer une idée par le dessin, puis de lui donner une forme, un volume, une présence sur le terrain. L’année suivante, ce seront treize loups mis en place, à l’exposition de Bex, sur un immense tapis de ferraille rouillée, un tapis volant qui porte cette meute en mouvement. Encore une fois en lisière, en bordure, de passage. La même année, le cinéaste Pascal Thomas en fait l’un des éléments importants du décor de son film Le crime est notre affaire. Ces treize loups sont exposés fin 2008 dans le jardin du Palais-Royal à Paris. Ils font également l’objet de très grands dessins sur bâche plastique présentés notamment à Monthey, en Valais, à Vevey, avant d’être acquis par le musée de Pully, dans le canton de Vaud.